Crédits photos Fanny Reynaud (c)
Résonnances

Comme surement beaucoup de personnes (un tout petit peu perfectionniste…mais je me soigne la preuve 😉) j’ai la pensée en escalier, et je voulais faire un retour à un post de @Jacqueline Sigg qui parlait de la place de l’espoir dans les récits de vie.

(…) L’espoir fait également écho à des mots de Daniel Schick qui parlait de son livre « Le Grand Baobab bleu ».

Il nous a raconté, après avoir longuement écouté, l’histoire de ce migrant malien qui l’interrogeait devant un tableau de Picasso. Daniel Schick trouvait incongru, voire déplacé, de lui raconter l’histoire de cet homme qui dessine des visages de femmes carrés et le migrant lui a dit : « Nous aussi nous avons le droit de rêver ».

 

J’ai un peu honte car je n’ai pas lu ce livre. Mais j’ai retenu ces mots dits 😉 : « nous aussi nous avons le droit de rêver » ! Je ne sais même pas s’ils sont écrits dans son livre.

Culpabilité me prend, je ne vais pas acheter encore un énième livre, mais je ne peux pas en parler si je ne sais pas de quoi il parle…

Alors, internet est mon ami. Je retrouve et lis la 4ème de couverture. C’est donc cela le cœur de l’histoire : une rencontre entre 2 hommes et l’art. Cela me fait sourire car c’est aussi le thème de ta conférence Jacqueline Sigg lors des 4èmes journées narratives francophones « Ce que l’art fait aux hommes »…

Je télécharge l’extrait… et là : Effroi ! Le livre commence par un viol d’enfant, d’un enfant violé par son oncle durant des années…un inceste dans un village africain !

Personnellement, enfant ayant aussi vécu en Afrique, l’homosexualité était une « maladie de blanc » qui venait consommer du jeune mâle noir en Afrique. Quant à la pédophilie, cela n’avait pas de sens pour moi. Enfant, j’entendais les histoires de fillette de 12 ans mariées à des vieux… J’étais juste terrifiée, car je ne voulais pas que cela m’arrive à moi. C’est vrai. Pourquoi elles et pas moi ? C’était des choses qui n’étaient pas dites : le pourquoi ! Nous n’étions pas très privilégiés économiquement, mais je voyais bien que je n’étais pas une enfant qui sillonne les rues avec un plateau de cacahuètes à vendre sur la tête. Je n’étais pas cette enfant-là, même si on me menaçait de cela si je ne travaillais pas à l’école ! J’étais à moitié blanche donc protégé par ma mère ? Protégée de ce que je ne comprenais pas et protégé de qui finalement ? De ma partie noire ?

Donc, il n’est plus question de pédophilie. Je me retrouve avant la pédophilie, c’est-à-dire avant que les enfants aient des droits. Il s’agit du mariage forcé des fillettes en Afrique de l’Ouest dans les années 80.

Est-ce que l’espoir est uniquement rêver ? Est-ce que l’on doit rêver pour que l’espoir soit présent ? Les deux ?

Je m’entends encore dire à ma tante, à qui je raconte mes rêves d’enfant, me dire : « C’est bien de rêver Carine ». Intérieurement je me souviens m’être dit, révoltée, quelque chose comme « ce n’est pas un rêve » !

Non, effectivement ce n’est pas un rêve. C’est un espoir, comme peut être l’annonce Vaclav Havel : « L’espoir n’est pas la conviction que quelque chose va bien tourner, mais la certitude que quelque chose a du sens, indépendamment de la façon dont cela se passe ».

L’espoir c’est être mis en mouvement, c’est agir, c’est poser un acte et savoir que l’on va le faire même si nous sommes ignorants de son issue ou de sa portée. C’est distinguer le résultat de l’action afin de se mettre en mouvement. S’« acteurioriser » : se rendre acteur de sa vie indépendamment de l’issue qui ne dépend pas toujours de nous.

Dans tous les cas, la notion d’espoir m’interroge depuis longtemps. J’ai replongé dans de la documentation personnelle et voici le poème intitulé « La route vers l’espoir » que j’ai écrit à l’âge de 13 ans, et qui commence ainsi :

« L’espoir n’est pas qu’un mot,

C’est aussi le devoir des hommes qu’espérer

Il vient un jour et repart une nuit… »

Refaire naître l’espoir qui est toujours tapi chez l’autre est, il me semble, la beauté de nos métiers. Je rêve d’inclusion pour tous et – peut-être parce qu’elle n’existe pas – j’ai besoin d’espoir pour rester animée, vivante, humaine…


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